Ma-mwe : une gestion, plusieurs interrogations ?

Le mal qui frappe la Ma-mwe n’est pas seulement technico-financier. Au-delà de ses déboires auxquels il nous a habitués, le distributeur d’eau et d’électricité présente une autre face encore moins reluisante mais peu connu du grand public. “Peut-être que je signe, là, mon arrêt de mort en le disant. Mais le véritable problème de la Ma Mwe c’est son personnel Ce sont les mentalités héritées depuis des années“. Ces propos ne sont bien que Mlanao Alphonse, alors, patron des lieux et au crépuscule de son mandat. ce jour-là dans une sortie peu habituelle, il avait jeté en pâture son personnel accusé de se livrer à des activités parallèles.

Une chasse aux agents “indélicats“ allait être lancée. Par la suite, le désormais ex-directeur général de la Ma-mwe allait lancer une sorte d’amnistie. Il propose à tout agent “ayant participé à une opération de fraude“ à se signaler dans les quinze jours contre l’abandon de toute poursuite judiciaire ou mesure disciplinaire. Depuis, près d’une vingtaine d’agents accusés de fraudes allaient tombés sous le coup de mesures disciplinaires, doublées d’actions judiciaires. Point culminant de ces “fraudes avec complicité des agents“ de la maison, l’affaire Kombarid, un des plus gros clients du distributeur public, qui a éclaté en août dernier. La fraude supposée aurait été faite avec la complicité d‘agents, moyennant avantages financiers. Ces pratiques indélicates gangrèneraient tous les services de l’établissement.

De la production jusqu’à la commercialisation. Elles se nomment “vole de gazole“ extorsion de clients, etc. Mais ce serait manquer d’objectivité, que d‘affirmer que seuls les subalternes ont trempé dans ces affaires louches des lieux. Mais qui, entre simple agent et cadre supérieur osera jeter le premier la pierre? Parce que quand des “petits agents” se livrent aux “petites pratiques”, les grands, eux, signent avec des groupes étrangers des contrats “pas toujours en faveur de l’entreprise“, estiment des employés et “en échange de dessous-de-table mirobolants“, jurent-ils. Ils s’étonnent à ce propos que le patron d’une entreprise partenaire de la Ma-mwe se soit battu becs et ongles pour le maintien à son poste de l’ancien directeur. Trois gros contrats avec la Ma mwe sous l’escarcelle d‘un groupe belge: Un contrat de leasing que la société d’Etat s’est engagée à rembourser en l’espace de deux ans à raisons de 25 millions de francs par mois.

Un autre de location-vente de vingt véhicules de service (Environs 6 millions de francs, pendant vingt mois). Il y a eu aussi la vente des compteurs à carte prépayée. Un projet que le groupe belge financerait à hauteur de 6 millions de dollars qui devait, en contrepartie, se voir versé 23 francs sur chaque kilowattheure vendu. Pas moins de 7500 compteurs à carte prépayée ont été installés entre décembre 2010 et mars 2011, selon la Ma mwe. Last but not least, la cession de la station de pompage d’eau du site de Mde par les autorités comoriennes au groupe Leignon Synergie Comores (Semlex) pour installer une unité de traitement d’eau et de mise en bouteille mais avortée pour des raisons qui restent encore inconnues.

Jusqu’à 800 millions de francs par an iraient au groupe Semlex via les comptes de la Ma-mwe. Ces contrats, conclus en moins de deux ans, avaient en commun, s’il vous plait, le fait d’avoir été traités de gré à gré au mépris des normes de passations des marchés publics. Mais pour cela, “allez poser la question au gouvernement comorien“. Les propos sont d’un responsable d’un groupe partenaire de la Mamwe. Hier encore, la réponse ne nous était pas parvenue.

Kamardine Soulé