La banque centrale des Comores a 30 ans...

La banque centrale a 30 ans : “vers un mécanisme de soutien aux efforts de la diaspora comorienne”

La cérémonie officielle marquant le trentième anniversaire de la Banque centrale des Comores (Bcc) s’est tenue, avant-hier, à Moroni au Palais du peuple à Hamramba. De nombreuses personnalités avaient répondu présentes à l’événement, notamment deux des trois vice-présidents de l’Union des Comores et les présidents de la Cour constitutionnelle et de l’Assemblée nationale. Dans son allocution, le gouverneur de la Bcc, Mzé Abdou Mohamed Chanfiou, a déclaré que “le résultat obtenu, notamment en termes de crédibilité nationale et internationale, de stabilité monétaire, ainsi que l’extraordinaire expansion du secteur bancaire comorien, constitue le reflet de la confiance que le pays fait à la Bcc“, après trente années d’existence.

Cette évolution serait marquée par l’entrée de nouveaux acteurs, le nombre des établissements bancaires et financiers ayant triplé depuis 2004, passant de trois à neuf. Cette ouverture à la concurrence explique, selon le patron de la Banque des banques comoriennes, l’amélioration des indicateurs : “En 2010, le taux de bancarisation a atteint 18%. Pour la période de 2005 à 2010, le volume de l’épargne mobilisée est passé de 27 à 53 milliards de francs et le crédit au secteur privé de 15 à 42 milliards de francs“. La même performance aurait été observée, cette fois, du côté de la capacité de paiement de l’économie nationale, qui “a atteint le pic historique de 76 milliards de francs en septembre 2011 contre 37 milliards en 2005”.

Pour sa part, l’ambassadeur de France à Moroni, Philippe Lacoste, représentait le ministre français chargé de la Coopération, est revenu sur la coopération monétaire liant la France et les Comores. Une coopération basée, selon l’accord signé par les deux pays en novembre 1979, sur la garantie illimitée donnée par le Trésor français d’une convertibilité illimitée de la monnaie émise par la Bcc, la parité fixe, sans limitation de montant, entre le Franc comorien et l’Euro, la libre circulation des fonds à l’intérieur de la Zone franc, et enfin la centralisation d’au moins 65% des réserves de change de la Bcc auprès du Trésor français.

Selon le vice-président de l’Union, Nourdine Bourhane, la crise de la dette qui touche en ce moment les pays de la zone euro vient montrer, encore une fois, le rôle prépondérant des banques centrales dans la résolution des crises. Il a, par ailleurs, rappelé que les institutions financières internationales allaient examiner, ce mois de décembre, les critères de performances pour les Comores dans le cadre du programme Initiative pays pauvres très endettés (Ippte). “Pour la réussite du programme en 2012, date correspondant au point d’achèvement, le Fmi et la Banque mondiale ont exigé de nous une amélioration des recettes internes, une réduction des dépenses publiques et une ouverture des capitaux des sociétés publiques“, a-t-il rappelé.

Enfin, dans ses projets futurs, la Bcc s’oriente vers la poursuite du renforcement de la supervision et du contrôle des banques et établissements financiers afin d’assurer la protection des épargnants. Le patron de la principale banque comorienne s’est, par ailleurs, étendu sur la place des apports de la communauté comorienne de l’étranger, évalués à 25% de la richesse nationale, aux finances du pays. A l’heure actuelle, des réflexions seraient menées à la Bcc pour la création d’un mécanisme de soutien aux efforts de la diaspora comorienne. Le but de cet instrument étant “de continuer à faciliter les envois de fond et de développer des incitations en faveur des investissements”.

Mzé Abdou Mohamed Chanfiou a parlé de l’intérêt croissant des ressources financières de la diaspora qui “constituent un levier important de l’économie et du secteur bancaire“ national. Selon les chiffres publiés par la Banque, de 2005 à 2010, ces ressources ont atteint un niveau exponentiel évalué à plus de 250 milliards de francs. Ces envois de fonds de la diaspora représenteraient 25 pour cent de la richesse nationale.

Kamardine Soulé

Un peu d’histoire

La Banque centrale des Comores fête ses 30 ans cette semaine. La réforme monétaire a été officialisée en décembre 1945, créant, alors, le franc des Colonies françaises d’Afrique (Cfa). Avant de devenir la Bcc, elle s’appelait d’abord Banque de Madagascar et des Comores. Le 16 novembre 1950, elle a été transformée en établissement semi-public chargé de l’émission des billets ayant cours légal à Madagascar et aux Comores. Etant sous dépendance française, l’Archipel des Comores était rattaché administrativement à Madagascar. La Banque de Madagascar et des Comores assurait le service de l’émission monétaire jusqu’au 21 décembre 1973, date à laquelle ce privilège lui a été retiré. L’Institut d’Emission des Comores fut créé le 31 décembre 1974 et son siège social a été fixé à Moroni.

Le 2 janvier 1975, une convention précisant les modalités de transfert du service d’émission des billets et des monnaies métalliques à l’Institut d’émission des Comores a été signée entre le ministre de l’Economie et des Finances des Comores et le secrétaire d’Etat aux départements et territoires d’outre-mer. Cette convention prévoit l’ouverture, au nom de l’Institut d’émission des Comores, d’un compte d’opérations dans les livres du Trésor français ainsi que les conditions de fonctionnement de ce compte. L’accession des Comores à l’indépendance, le 6 juillet 1975, s’est accompagnée du maintien du privilège d’émission de l’Institut d’émission des Comores auquel la Banque centrale des Comores a succédé le 1er juillet 1981.

La parité fixe du franc comorien, équivalente à celle du franc Cfa, a été maintenue. C’est donc en 1994, date de la dévaluation, que l’égalité entre le franc comorien et le franc Cfa a disparu. Le 1er janvier 1999, l’euro est devenu la monnaie des pays européens de l’Union économique et monétaire. Il a remplacé le franc français comme ancre monétaire du Cfa et du franc comorien, déterminant automatiquement les parités euro du franc Cfa et du franc comorien dont sa parité est désormais de 1 Euro = 491,96775 fc. La Banque centrale des Comores a le privilège exclusif d’émettre les signes monétaires, billets et pièces métalliques ayant cours légal et pouvoir libératoire aux Comores.

(Al-watwan Magazine de décembre 2011)