Humour… Comores…Joyeuses fêtes à toutes !

Le président des Comores s’apprête à souhaiter une bonne année à tous les comoriens et étrangers résidant aux Comores, comme il l’a fait déjà l’occasion de l’Ide El fitr à tous les musulmans.

Le peuple lui retournera la politesse, par le biais des corps constitués et des représentants des missions diplomatiques accréditées, en participant à la grande Messe fastidieuse de Beit-Salam pour écouter un long discours ennuyeux, qui implore à la passivité, à accepter la providence, le destin tout tracé, la fatalité.

En 2011, en seulement six mois de gestion, l’homme a réussi la prouesse d’augmenter les prix des hydrocarbures quand le baril baissait. Il a également gâché deux mois et demi d’études aux enfants pauvres, après des longues négociations avec les enseignants sur la grille indiciaire, qui ont abouti à ramener tous les fonctionnaires à la précarité d’antan.

En enclenchant une vague d’arrestations, signal fort pour sa croisade contre la corruption, il a démontré qu’en cinq ans de vice-présidence, dont un an au ministère des finances, il a participé à une gestion des plus chaotiques et des plus corrompus. En relâchant les coupables au fur et à mesure, il administre la preuve qu’il en fera autant les cinq prochaines années. Alléluia !

Pendant ce temps, son ministre de la défense, pavoise officiellement sur les ondes de Crtv, que le gouvernement doit lui augmenter son salaire en raison des désœuvrés, soutiens de Ikililou, qui squattent son bureau pour demander de l’aide, autrement dit « mendier ». Cette « lumière » est chargée, mesdames et messieurs, de veiller à l’unité et à l’intégrité du territoire et de la sécurité des citoyens. Cha Garidjo uvuka, Ha Idhni llah.

Dans ce pays basaltique, nous n’aurons même pas droit comme chez les chrétiens, le 25 décembre, à fantasmer de l'image familière du Père Noël, avec sa longue barbe blanche et sa tunique rouge, son traîneau tiré par des rennes et son sac rempli de jouets.

Vous allez me dire qu’il ne neige pas aux Comores et que nous n’avons pas d’enfants qui rêvent… Soit ! Il n’aura qu’à passer par les mers, en skis nautiques, tirés après un kwassa, ces vedettes qui ne chavirent qu’à l’approche des côtes Maoraises.

Et puis, comment rêver de jouets, quand c’est le riz manque à table le soir !

On pense à tort, que les enfants n’ont pas ici besoin de rêver… parce qu’ils vivent en plein dans les limbes… ils s’accrochent à l’espoir que le jour de l’Ide, deux fois par an, ils vont pouvoir remplir l’estomac de bonbons et surtout…de colorants cancérigènes.

Je vous rassure tout de suite, je ne commets pas un acte impie en évoquant le père noël car il n’est pas une création des Dieux d’Olympe. C’est une pure invention américaine, dessinée par Thomas Nast pour Harper's Magazine en 1868. Et c’est ça ce qui nous manque ici, justement : l’imagination…la création…. le rêve tout court.

Pendant que j’y pense.. Ne serait-il pas courtois, que le président prononce un discours pour les chrétiens, en leur souhaitant, joyeux noël. Obama l’a fait pour les musulmans d’Amérique, avant de cautionner le reste de l’année les raids israéliens en Palestine.

Notre fête à nous, l’Ide, clôture l’accomplissement du quatrième des cinq piliers de l’islam, le ramadan, mois de jeûne et de piété, durant lequel le prophète Mahomet a reçu la première des révélations divines.

Savez vous ce qui s’est passé la nuit du 26e au 27e jour du mois de ramadan, Lailat al-Qadr, autrement dit « nuit du destin ». Eh bien, toute la nuit, les caciques du régime se sont réunis dans la mosquée de Beit-salam pour implorer Dieu afin de bien tracer la marche des Comores. Il semble, selon le Coran (sourate XCVII, « La Puissance »), c’est au cours de cette nuit que Dieu a défini la course du monde.

En transe, après de longues prières les yeux fermés, Yemenia passait ce soir là au dessus du palais présidentiel, avec ses clignotants rouges annonçant son atterrissage. En entendant le bruit sourd des moteurs essoufflés, venant des cieux, les invités du président, dans un état d’excitation extrême, se sont subitement levés, pour implorer Dieu, croyant apercevoir, les anges de Lait Lkadr descendre du ciel. « Allah Akbar, entonnent-t-ils en chœur, Faites en sorte que cette lumière éclaire notre chemin. »

Vous vous imaginez ? Yemenia qui éclaire notre chemin ?… Pfff.. Que dieu nous préserve d’une telle prière !

Et tout cela, à quelques jours de la tragédie nationale du Madjiriha qui a emporté plus de 70 comoriens et dont les coupables présumés, indirectes peut être, se trouvaient justement réunis dans cette prière collective du Lailat al-Qadr.

Fensso aime par-dessus tout, la prière du jour de l’Ide. J’aime par-dessus-tout observer le spectacle pathétique, des bousculades des hommes accomplis qui jouent des coudes pour se frayer une place à la première rangée. C’est la seule d’ailleurs de la mosquée qui ne suit pas de trajectoire rectiligne. Et pour cause !

Les Wandru Wadzima sont tellement nombreux que les deux premières rangées ne suffisent plus à les contenir. Il se délectent à se lancer des vannes éhontées entre eux.. « Ye woyi ha fanya hindrini pvahe, hata ya sindihawo wandru”. Autrement dit, « qu’a-t-il fait de si distingué pour vouloir se différencier et bousculer les gens .»

Alors on les entasse comme des sardines, pour laisser les autres rangées, à ceux qui sont en phase de l’accomplir, et aux quarante autres rangées, aux parias, les Maguzis, qui portent aujourd’hui le nom ridicule de Mharuma, « l’écharpe ».

Une nouvelle génération d’intellos de Moroni qui ont choisi de saigner leur famille pour obtenir ce grand insigne : « l’écharpe ». Une longue bande de tissu aux motifs parfois floraux, aux structures esthétiques approximatives, portée serré autour du cou, sur l’une ou les deux épaules.

Fensso souhaite à tout ce beau monde une bonne année, en priant à genoux, pour que personne ne s’étrangle accidentellement !

Fensso, le fou de Oroni