Eliminatoires CAN 2012: Chamité : «Marquer l'histoire»

«Mohamed Chamité, vous défiez la Libye ce week-end, qui vous a dominés à l'aller (3-0). Avec quelles ambitions ?
Déjà, nous sommes heureux d'accueillir une dizaine de joueurs venus d'Europe. Kemal Bourhani est absent, mais nous disposons de talents comme Abdou Bonaidi, qui doit signer à Châteauroux, Yacine Saandi (Agde) et surtout il y a le retour de Nadjim Abdou (Millwall, D2 ANG). Donc on a envie de marquer notre premier point, par rapport à la phase aller. On veut aussi inscrire notre premier but, et j'ai sensibilisé nos joueurs sur cet aspect.

Comment est l'ambiance au sein des Coelacanthes ?
Excellente ! (derrière lui, on entend les joueurs chanter) Les garçons sont extrêmement motivés, ils n'en font pas une affaire d'argent. Il y a quelques mois de ça, j'avais dit à la Fédération qu'il fallait absolument qu'on ouvre le groupe à nos expatriés. Je suis persuadé qu'on va vite progresser grâce à eux. Il n'y a pas de clan.

Concrètement, comment faites-vous pour identifier tous les Comoriens de la diaspora ?Oh, nous avons un réseau de correspondants bien organisés en France ! Dans chaque région, il y a des techniciens qui nous indiquent ceux qui sont susceptibles de nous rejoindre.

«On part avec l'envie de contrarier la Libye»Après notre claque contre la Zambie (0-4) où on n'alignait que des locaux, j'ai parlé avec eux et je leur ai dit qu'on ne pouvait pas continuer comme ça, qu'on avait besoin des «expats». Il n'y a pas de mécontentement, il en va du niveau de notre sélection.Vos talents locaux ne font pas la tête d'être désormais écartés au profit des pros ?

Quelle sera votre stratégie initiale contre la Libye leader du groupe ?On la connaît bien désormais. On va opérer en contres. Le match aller est oublié, on part avec l'envie de la contrarier. Et de marquer ! Pour nous, l'idée est de marquer l'histoire de notre football.

À quand les Coelacanthes en France ?Oh, ce n'est pas encore d'actualité. Nous sommes une fédération modeste, mais nous y pensons, c'est vrai, d'autant que nous avons beaucoup de joueurs en France. C'est un projet en tout cas !»

L'historique des Coelacanthes.

Contrairement au poisson vieux comme le monde dont elle tire son nom, l'équipe nationale des Comores n'existe que depuis une trentaine d'années. Après leur adhésion à la FIFA en 2005, les Cœlacanthes ont pris part à leur première compétition à l'occasion des préliminaires de la Coupe du Monde de la FIFA 2010, qui faisaient également office de qualifications pour la Coupe d'Afrique des Nations de la CAF 2010.

À cette occasion, les Comores n'ont pas passé le premier tour, subissant la loi du voisin malgache, 10:2 sur l'ensemble des deux manches. Dans les qualifications pour la CAN 2012, les Comoriens font groupe commun avec la Libye, le Mozambique et la Zambie. En guise d'entrée en matière, ils se sont inclinés 4:0 en Zambie. Pour leur deuxième sortie, ils ont manqué d'un cheveu d'accrocher le match nul face au Mozambique. Seul un but du milieu de terrain mozambicain Josimar a permis aux visiteurs de s'imposer en terre comorienne (1:0).

Pour leur troisième match, qui s'est déroulé à Bamako en raison des événements en Libye, les Comores ont perdu 3:0. Ce week-end, les Cœlacanthes vont disputer le match retour au stade Said Mohamed Cheikh, dans la capitale Moroni. Né en France, l'attaquant comorien Kemal Bourhani espère être le premier à marquer pour son équipe à domicile. "Celui qui marquera, surtout à domicile, deviendra un vrai héros national", annonce-t-il. "Si nous marquons un but, ça va être complètement fou

Propos recueillis par Frank Simon